Plusieurs sujets touchant à la vie de notre Église irritent nos contemporains. L'un de ceux-là, qui m'irrite moi-même, est la position du magistère interdisant la communion eucharistique aux divorcés remariés. Qu'en penser?
Commençons par préciser une chose: quand je parle d'Église, je parle de nous, les gens qui la composons. L'Église, c'est nous. Une seconde précision: nous traiterons ici des personnes mariées chrétiennement qui se sont divorcées civilement sans que leur mariage religieux ait été déclaré nul et qui se sont remariées civilement avec un nouveau conjoint, une nouvelle conjointe. Précisons une troisième chose: je ne prétends pas parler de tout ce qui concerne les personnes divorcées remariées mais du fait qu'on leur interdit de communier au Pain eucharistique à la messe, même si nous devrons voir plus large pour les besoins de notre réflexion. J'en précise une quatrième que je répète souvent dans mes articles: je ne suis pas un spécialiste de la question. Cela dit, comme membre de l'Église, je ne vois pas comment je pourrais me taire devant cette cause de scandale qui revient sur la table à répétition, avec raison.
Pour faire court, la position du magistère ecclésial est que les personnes divorcées remariées ont brisé la communion qu'elles pouvaient avoir avec le reste de la communauté catholique parce qu'elles ont contracté un nouvel engagement marital alors que leur mariage religieux est encore valide. Ces personnes se seraient donc elles-mêmes mises en position de non-communion et ne devraient donc pas communier au Pain eucharistique à la messe étant donné leur état de "non-communion" avec le reste de la communauté.
Maintenant, quelques réflexions. La première et la plus importante raison qui fait que cette règle ecclésiastique m'irrite est que personne n'est pur ni en parfaite communion avec le reste de la communauté lorsque vient le temps de communier au Corps du Christ à l'eucharistie. Pourquoi alors refuserait-on de communier aux divorcés remariés alors que le prêtre qui préside la célébration n'est pas blanc comme neige lui-même? Qu'un père de famille a abusé sexuellement de sa fille aînée? Qu'une femme a tout fait pour briser la réputation d'une collègue de travail? Qu'un entrepreneur en construction a abusé de la confiance de clients? Et j'en passe... Pourquoi refuser la communion au Corps du Christ aux divorcées remariés alors que moi-même "je ne suis pas digne de le recevoir"? Et je le crois sincèrement: je ne suis jamais digne de recevoir le Corps du Christ. Je vais le recevoir pour que le Seigneur fasse de moi un homme digne. Je ne le mérite pas. C'est un cadeau de Dieu pour me sauver. À l'eucharistie, le Christ renouvelle le sacrifice de sa vie sur la croix pour me sauver encore aujourd'hui et me donner la force de passer la semaine et de bâtir un peu plus son Royaume d'amour. Il me donne ce dont j'ai besoin pour poursuivre la part de sa mission qu'Il me confie. Il me fait communier aux vies de mes frères et de mes soeurs, à leurs joies et à leurs peines déposées sur l'autel avec les miennes sous la forme de pain et de vin et transformées en son Corps et son Sang. C'est ainsi que nous communions aux vies transformées les uns des autres. En communiant au Corps du Christ, nous devenons le Corps du Christ, c'est-à-dire l'Église, la communauté chrétienne. Nous communions au Corps du Christ pour le devenir de plus en plus et non parce que nous en sommes dignes.
Comment pouvons-nous nous arroger ce droit de juger de la plus ou moins grande communion de nos frères et de nos soeurs? Où se situe la ligne? Où nous arrêterons-nous? Si on veut être cohérent, il faudrait aussi refuser de baptiser les enfants nés d'un remariage civil? Refuser aux divorcés remariés des funérailles et une sépulture catholiques?
La communion eucharistique se vit durant toute la vie chrétienne et non pas seulement au moment de manger l'hostie consacrée.
La communion eucharistique se vit aussi durant toute la célébration eucharistique au complet, pas juste au moment appelé "communion". Pourquoi alors permettre aux personnes divorcées remariées d'entrer dans l'église pour célébrer l'eucharistie, vivre profondément et avec foi la communion avec Dieu et le reste de la communauté, mais se faire refuser ce qui concrétise sensiblement cette communion? Autre manque de cohérence?
Remarquons ensuite curieusement que le mariage civil n'est pas pris en compte avant le remariage civil. En effet, tant qu'un couple n'est pas marié chrétiennement, on ne reconnaît pas leur mariage. Aux yeux de la loi ecclésiastique, ce couple n'est pas marié. Curieusement, une fois qu'un des membres de ce couple marié religieusement et séparé civilement se remarie civilement, là ce 2e mariage civil est fortement pris en compte, au point où on interdit la communion à cette personne. Contradiction?
Finalement, quel message lance-t-on aux catholiques du monde ainsi qu'aux non-catholiques avec cette interdiction? Tu es bienvenu dans la communauté en autant que tu suives certaines règles mais pas d'autres? Tu peux extorquer, abuser, tromper, tuer, mentir, médire et tu peux communier mais si tu te remaries civilement tu ne le peux plus? Veut-on nous faire croire que la pire chose qu'on peut faire au monde est de se remarier civilement? Pire que le meurtre ou l'abus sexuel? Veut-on nous faire croire qu'il y a des catholiques meilleurs que d'autres? Des catholiques plus dignes? Veut-on nous faire croire que l'eucharistie est le rassemblement des purs (c'est-à-dire personne) et non pas le rassemblement de la communauté chrétienne imparfaite, Corps du Christ qui est en la tête?
Bref, pour toutes ces raisons, cette interdiction ecclésiastique me semble incohérente, contradictoire, nuisible à l'évangélisation et tout simplement scandaleuse.
À toi qui es une personne divorcée remariée, sache que ce n'est pas toute la communauté catholique qui te condamne. Tu es la bienvenue et je souhaite de tout coeur que tu vives en communion avec le reste de ta communauté, nous qui sommes tous et toutes bien imparfaits et indignes, mais aussi tous et toutes appelés comme toi à la sainteté et à la fécondité du Royaume.
Union de prière!
Denis
Commençons par préciser une chose: quand je parle d'Église, je parle de nous, les gens qui la composons. L'Église, c'est nous. Une seconde précision: nous traiterons ici des personnes mariées chrétiennement qui se sont divorcées civilement sans que leur mariage religieux ait été déclaré nul et qui se sont remariées civilement avec un nouveau conjoint, une nouvelle conjointe. Précisons une troisième chose: je ne prétends pas parler de tout ce qui concerne les personnes divorcées remariées mais du fait qu'on leur interdit de communier au Pain eucharistique à la messe, même si nous devrons voir plus large pour les besoins de notre réflexion. J'en précise une quatrième que je répète souvent dans mes articles: je ne suis pas un spécialiste de la question. Cela dit, comme membre de l'Église, je ne vois pas comment je pourrais me taire devant cette cause de scandale qui revient sur la table à répétition, avec raison.
Pour faire court, la position du magistère ecclésial est que les personnes divorcées remariées ont brisé la communion qu'elles pouvaient avoir avec le reste de la communauté catholique parce qu'elles ont contracté un nouvel engagement marital alors que leur mariage religieux est encore valide. Ces personnes se seraient donc elles-mêmes mises en position de non-communion et ne devraient donc pas communier au Pain eucharistique à la messe étant donné leur état de "non-communion" avec le reste de la communauté.
Maintenant, quelques réflexions. La première et la plus importante raison qui fait que cette règle ecclésiastique m'irrite est que personne n'est pur ni en parfaite communion avec le reste de la communauté lorsque vient le temps de communier au Corps du Christ à l'eucharistie. Pourquoi alors refuserait-on de communier aux divorcés remariés alors que le prêtre qui préside la célébration n'est pas blanc comme neige lui-même? Qu'un père de famille a abusé sexuellement de sa fille aînée? Qu'une femme a tout fait pour briser la réputation d'une collègue de travail? Qu'un entrepreneur en construction a abusé de la confiance de clients? Et j'en passe... Pourquoi refuser la communion au Corps du Christ aux divorcées remariés alors que moi-même "je ne suis pas digne de le recevoir"? Et je le crois sincèrement: je ne suis jamais digne de recevoir le Corps du Christ. Je vais le recevoir pour que le Seigneur fasse de moi un homme digne. Je ne le mérite pas. C'est un cadeau de Dieu pour me sauver. À l'eucharistie, le Christ renouvelle le sacrifice de sa vie sur la croix pour me sauver encore aujourd'hui et me donner la force de passer la semaine et de bâtir un peu plus son Royaume d'amour. Il me donne ce dont j'ai besoin pour poursuivre la part de sa mission qu'Il me confie. Il me fait communier aux vies de mes frères et de mes soeurs, à leurs joies et à leurs peines déposées sur l'autel avec les miennes sous la forme de pain et de vin et transformées en son Corps et son Sang. C'est ainsi que nous communions aux vies transformées les uns des autres. En communiant au Corps du Christ, nous devenons le Corps du Christ, c'est-à-dire l'Église, la communauté chrétienne. Nous communions au Corps du Christ pour le devenir de plus en plus et non parce que nous en sommes dignes.
Comment pouvons-nous nous arroger ce droit de juger de la plus ou moins grande communion de nos frères et de nos soeurs? Où se situe la ligne? Où nous arrêterons-nous? Si on veut être cohérent, il faudrait aussi refuser de baptiser les enfants nés d'un remariage civil? Refuser aux divorcés remariés des funérailles et une sépulture catholiques?
La communion eucharistique se vit durant toute la vie chrétienne et non pas seulement au moment de manger l'hostie consacrée.
La communion eucharistique se vit aussi durant toute la célébration eucharistique au complet, pas juste au moment appelé "communion". Pourquoi alors permettre aux personnes divorcées remariées d'entrer dans l'église pour célébrer l'eucharistie, vivre profondément et avec foi la communion avec Dieu et le reste de la communauté, mais se faire refuser ce qui concrétise sensiblement cette communion? Autre manque de cohérence?
Remarquons ensuite curieusement que le mariage civil n'est pas pris en compte avant le remariage civil. En effet, tant qu'un couple n'est pas marié chrétiennement, on ne reconnaît pas leur mariage. Aux yeux de la loi ecclésiastique, ce couple n'est pas marié. Curieusement, une fois qu'un des membres de ce couple marié religieusement et séparé civilement se remarie civilement, là ce 2e mariage civil est fortement pris en compte, au point où on interdit la communion à cette personne. Contradiction?
Finalement, quel message lance-t-on aux catholiques du monde ainsi qu'aux non-catholiques avec cette interdiction? Tu es bienvenu dans la communauté en autant que tu suives certaines règles mais pas d'autres? Tu peux extorquer, abuser, tromper, tuer, mentir, médire et tu peux communier mais si tu te remaries civilement tu ne le peux plus? Veut-on nous faire croire que la pire chose qu'on peut faire au monde est de se remarier civilement? Pire que le meurtre ou l'abus sexuel? Veut-on nous faire croire qu'il y a des catholiques meilleurs que d'autres? Des catholiques plus dignes? Veut-on nous faire croire que l'eucharistie est le rassemblement des purs (c'est-à-dire personne) et non pas le rassemblement de la communauté chrétienne imparfaite, Corps du Christ qui est en la tête?
Bref, pour toutes ces raisons, cette interdiction ecclésiastique me semble incohérente, contradictoire, nuisible à l'évangélisation et tout simplement scandaleuse.
À toi qui es une personne divorcée remariée, sache que ce n'est pas toute la communauté catholique qui te condamne. Tu es la bienvenue et je souhaite de tout coeur que tu vives en communion avec le reste de ta communauté, nous qui sommes tous et toutes bien imparfaits et indignes, mais aussi tous et toutes appelés comme toi à la sainteté et à la fécondité du Royaume.
Union de prière!
Denis
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