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jeudi 4 octobre 2012

Questions sur le diaconat permanent

Le diaconat permanent est un ministère riche et important pour notre Église. Mgr Lacroix l'a rappelé dans un message à ce sujet à l'occasion de la journée du diaconat permanent qui a lieu le premier mercredi d'octobre. Comme tout ministère, il porte tout de même sa part de questionnements. Je vous en présente quelques-uns que je porte.

D'abord, bien que l'épouse du diacre participe à toute sa formation hormis les études théologiques, elle n'est pas ordonnée. De façon enthousiaste, on peut y voir une invitation pour la femme du futur diacre à discerner à quoi Dieu l'appelle dans ce nouvel engagement. Ce sujet est bien présenté dans cette vidéo. De façon plus critique, on peut aussi y voir un exemple de patriarcat ecclésiastique qui réserve encore obstinément l'ordination aux hommes alors que dans l'Église primitive il y avait des diaconesses, par exemple Phébée, la diaconesse de l'Église de Cenchrées (Rm16,1). (Remarquez ici que pour faire preuve de rigueur scientifique, il faudrait voir ce que signifiait à cette époque être diaconesse. Ça n'a peut-être rien à voir avec le ministère diaconal actuel.) L'ordination d'un diacre marié est-elle donc une occasion de renouvellement vocationnel pour son épouse ou une gifle à la face des femmes? Peut-être les deux en même temps... Notez que ce n'est pas parce qu'un époux devient diacre que son épouse se sent appelée au même ministère. Cela dit, je pense que le débat sur cette question demeure ouvert.

Autre question: un diacre célibataire doit le demeurer et un diacre marié qui devient veuf ne peut plus se marier et doit vivre le célibat. Je n'ai pas de problème avec le fait qu'un homme qui a découvert que Dieu lui avait fait le don du célibat demeure fidèle à cet appel dans sa façon de vivre son diaconat. Cependant, manquant peut-être de foi en la grâce divine, il me semble difficile à croire qu'un homme qui a discerné que Dieu lui avait fait le don de la vie maritale et non celui du célibat reçoive tout à coup automatiquement le don du célibat lors du décès de son épouse... Ne met-on pas le gars en situation impossible? Ça peut dépendre de plusieurs facteurs. Par exemple l'âge: pour un diacre malade résidant dans un foyer et qui devient veuf à 85 ans, je veux bien croire que le célibat soit un peu plus "endurable". Mais pour celui qui devient veuf à 50 ans et qui a encore plusieurs dizaines d'années d'espérance de vie, peut-on lui imposer ce fardeau sans conséquences psychologiques?

Il existe aussi des diacres qui le deviennent par manque de ministres pour certaines fonctions pastorales, par exemple les baptêmes, les funérailles, les mariages... Tant mieux si des diacres exercent ces fonctions. On doit tout de même se poser la question de la pertinence de réserver la présidence de ces célébrations à des ministres ordonnés. Par permission romaine, des laïques, dans certaines conditions, par exemple dans un coin où un prêtre passe deux ou trois fois par année, peuvent baptiser. Le Vatican vient de le permettre à deux femmes dans un coin éloigné du diocèse de Baie-Comeau. N'y a-t-il pas là un appel à ce que les laïques prennent de plus en plus leur place dans la vie de notre Église plutôt que de chercher à tout prix des ministres ordonnés dont nous manquerons de toute façon à moyen terme? (Je peux vous sembler pessimiste ici mais au contraire je suis très optimiste pour la place des laïques dans notre Église).

Autre question: la place liturgique des diacres. Dans l'Église primitive, le ministère diaconal a été institué pour libérer les apôtres des tâches à caractère social, leur permettant ainsi de se consacrer plus intensément au ministère de la Parole (prédication, enseignement...). C'est ce qu'on peut lire en Ac 6, 1-7: l'institution des Sept, qu'on reconnaît habituellement comme les premiers diacres. Or, quand on a un diacre sous la main, que lui fait-on faire avant le soin des pauvres? On lui fait faire la prédication, animer des réunions et présider des sacrements...

Je vous avais averti, je n'écrivais pas ce billet pour louanger le diaconat mais  pour vous partager certaines questions que je porte vis-à-vis ce ministère que je trouve par ailleurs bien séduisant. Car oui, pour plusieurs raisons personnelles, ce sacrement m'interpelle. La présidence de célébrations, la prédication dans un cadre liturgique et l'engagement pour les plus pauvres sont des valeurs et des tâches qui me sont chères, pour lesquelles je me sens appelé et pour lesquelles ma façon actuelle de vivre mon ministère d'agent de pastoral laïque laisse peu de place. Aurons-nous bientôt, laïques mandatés, la possibilité de présider des funérailles, de baptiser, de prêcher durant une célébration eucharistique ou si pour vivre ces appels intérieurs je devrai pousser plus loin ce discernement sur la vocation diaconale? Ça reste à suivre!

Pour l'instant, continuons de prier pour que Dieu envoie des ouvriers et des ouvrières à sa moisson. Prions pour que de nombreux hommes deviennent prêtres et diacres. Prions aussi pour que les laïques prennent de plus en plus leur place dans leurs communautés chrétiennes. Car comme dit un prêtre que j'aime bien: "Le problème de notre Église n'est pas qu'on manque de prêtres, mais qu'on manque de chrétiens!"

Je vous invite aussi, en terminant, si vous êtes d'accord avec cette idée, à prier pour la place des femmes dans notre Église, y compris à leur accession aux ministères ordonnés, à commencer par le diaconat pour lequel il semble que Dieu les a déjà appelées jadis.

Union de prière!

Denis


vendredi 15 octobre 2010

Trois degrés du sacrement de l'Ordre

Je ne suis pas à l'aise avec cette idée de "degrés" du sacrement de l'Ordre, comme si un ou deux d'entre eux avaient plus d'importance qu'un autre alors que ce sont trois sacrements complémentaires et somme toute différents. Juste pour être clair, rappelons-nous que les trois sacrements de l'Ordre sont les suivants:
- le diaconat: les diacres, 
- le presbytérat: les prêtres,
- l'épiscopat: les évêques.

Historiquement, retenons grossièrement que ces trois sacrements partent de l'épiscopat et se réfèrent à lui. Dans les premières communautés chrétiennes, les Douze, choisis par le Christ pour être avec Lui et pour prêcher (Mc 3,14) et les autres apôtres (dont plusieurs étaient les ancêtres des évêques/épiscopes ("epis": sur, au-dessus et "scope": regarder; l'évêque étant donc celui qui  "veille sur") ont eu besoin d'hommes, les diacres, pour s'occuper d'aider matériellement les personnes démunies de la communauté (Ac 6, 1-6).  Ceci les libérant pour l'annonce de la Parole. (Historiquement, il y eut aussi des diaconesses dans l'Histoire de l'Église.) L'Église s'agrandissant et formant de multiples communautés, les évêques ne suffisaient plus à la tâche et ont eu recours à des presbytres ("anciens") pour voir à l'annonce de la Parole et à la direction de la vie des communautés en leurs noms.

Cependant, avec le temps, on a fini par reconnaître que le diacre est signe du Christ Serviteur et nous interpelle au service de la personne pauvre ou souffrante, que l'évêque est signe du Christ Pasteur et qu'en union avec lui, le prêtre aussi est signe du Christ Pasteur, présidant à la vie de Son peuple, lui rappellant qu'il n'existe pas par lui-même mais par l'initiative de Dieu, et que cette création incessante part de l'eucharistie qui nous fait Corps du Christ.

Ces trois sacrements sont devenus des sacrements séparés. On peut être ordonné à l'un sans être ordonné aux autres avant. Oui ça a du sens de choisir un évêque parmi les prêtres car ils sont déjà signes sacramentels du Christ Pasteur et professionnellement ils ont déjà des compétences dans la présidence des communautés chrétiennes. Mais il ne s'agit là que d'une règle de convenance qui ne devrait pas être exclusive. Par exemple, saint Ambroise est devenu évêque sans avoir été prêtre avant.

Je trouve bien triste qu'on oblige les candidats au presbytérat à être ordonnés diacres avant d'être ordonnés prêtres. Il me semble que c'est une perte de temps, un discernement inutile (les deux appels sont différents), et surtout ça me semble une injure au diaconat, une diminution de sa beauté et de son importance pour l'Église.

Cette hiérarchisation de l'Ordre me paraît donc dépassée et injurieuse de chacun de ces sacrements. Je propose qu'on la brise vite fait, un début facile étant de cesser d'ordonner diacres les candidats au presbytérat.

Alors continuons de parler des "trois degrés de l'Ordre" par convenance, pour des raisons historiques et par manque de vocabulaire, mais rappelons-nous que ces trois sacrements ont leurs propres beautés, leurs propres raisons d'être et qu'aucun n'est plus important qu'un autre. Il s'agit de trois services différents pour l'Église. Église qui est construite ainsi: au-dessus, la tête du Corps: le Christ. Puis les membres du corps, les personnes baptisées. Et c'est parce qu'il y a des baptisés qu'il y a des gens choisis parmi eux pour les guider, et non l'inverse... Rappelons-nous-en...