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dimanche 30 décembre 2012

La communion des divorcés remariés

Plusieurs sujets touchant à la vie de notre Église irritent nos contemporains. L'un de ceux-là, qui m'irrite moi-même, est la position du magistère interdisant la communion eucharistique aux divorcés remariés. Qu'en penser?

Commençons par préciser une chose: quand je parle d'Église, je parle de nous, les gens qui la composons. L'Église, c'est nous. Une seconde précision: nous traiterons ici des personnes mariées chrétiennement qui se sont divorcées civilement sans que leur mariage religieux ait été déclaré nul et qui se sont remariées civilement avec un nouveau conjoint, une nouvelle conjointe. Précisons une troisième chose: je ne prétends pas parler de tout ce qui concerne les personnes divorcées remariées mais du fait qu'on leur interdit de communier au Pain eucharistique à la messe, même si nous devrons voir plus large pour les besoins de notre réflexion. J'en précise une quatrième que je répète souvent dans mes articles: je ne suis pas un spécialiste de la question. Cela dit, comme membre de l'Église, je ne vois pas comment je pourrais me taire devant cette cause de scandale qui revient sur la table à répétition, avec raison.

Pour faire court, la position du magistère ecclésial est que les personnes divorcées remariées ont brisé la communion qu'elles pouvaient avoir avec le reste de la communauté catholique parce qu'elles ont contracté un nouvel engagement marital alors que leur mariage religieux est encore valide. Ces personnes se seraient donc elles-mêmes mises en position de non-communion et ne devraient donc pas communier au Pain eucharistique à la messe étant donné leur état de "non-communion" avec le reste de la communauté.

Maintenant, quelques réflexions. La première et la plus importante raison qui fait que cette règle ecclésiastique m'irrite est que personne n'est pur ni en parfaite communion avec le reste de la communauté lorsque vient le temps de communier au Corps du Christ à l'eucharistie. Pourquoi alors refuserait-on de communier aux divorcés remariés alors que le prêtre qui préside la célébration n'est pas blanc comme neige lui-même? Qu'un père de famille a abusé sexuellement de sa fille aînée? Qu'une femme a tout fait pour briser la réputation d'une collègue de travail? Qu'un entrepreneur en construction a abusé de la confiance de clients? Et j'en passe... Pourquoi refuser la communion au Corps du Christ aux divorcées remariés alors que moi-même "je ne suis pas digne de le recevoir"? Et je le crois sincèrement: je ne suis jamais digne de recevoir le Corps du Christ. Je vais le recevoir pour que le Seigneur fasse de moi un homme digne. Je ne le mérite pas. C'est un cadeau de Dieu pour me sauver. À l'eucharistie, le Christ renouvelle le sacrifice de sa vie sur la croix pour me sauver encore aujourd'hui et me donner la force de passer la semaine et de bâtir un peu plus son Royaume d'amour. Il me donne ce dont j'ai besoin pour poursuivre la part de sa mission qu'Il me confie. Il me fait communier aux vies de mes frères et de mes soeurs, à leurs joies et à leurs peines déposées sur l'autel avec les miennes sous la forme de pain et de vin et transformées en son Corps et son Sang. C'est ainsi que nous communions aux vies transformées les uns des autres. En communiant au Corps du Christ, nous devenons le Corps du Christ, c'est-à-dire l'Église, la communauté chrétienne. Nous communions au Corps du Christ pour le devenir de plus en plus et non parce que nous en sommes dignes.

Comment pouvons-nous nous arroger ce droit de juger de la plus ou moins grande communion de nos frères et de nos soeurs? Où se situe la ligne? Où nous arrêterons-nous? Si on veut être cohérent, il faudrait aussi refuser de baptiser les enfants nés d'un remariage civil? Refuser aux divorcés remariés des funérailles et une sépulture catholiques?

La communion eucharistique se vit durant toute la vie chrétienne et non pas seulement au moment de manger l'hostie consacrée.

La communion eucharistique se vit aussi durant toute la célébration eucharistique au complet, pas juste au moment appelé "communion". Pourquoi alors permettre aux personnes divorcées remariées d'entrer dans l'église pour célébrer l'eucharistie, vivre profondément et avec foi la communion avec Dieu et le reste de la communauté, mais se faire refuser ce qui concrétise sensiblement cette communion? Autre manque de cohérence?

Remarquons ensuite curieusement que le mariage civil n'est pas pris en compte avant le remariage civil. En effet, tant qu'un couple n'est pas marié chrétiennement, on ne reconnaît pas leur mariage. Aux yeux de la loi ecclésiastique, ce couple n'est pas marié. Curieusement, une fois qu'un des membres de ce couple marié religieusement et séparé civilement se remarie civilement, là ce 2e mariage civil est fortement pris en compte, au point où on interdit la communion à cette personne. Contradiction?

Finalement, quel message lance-t-on aux catholiques du monde ainsi qu'aux non-catholiques avec cette interdiction? Tu es bienvenu dans la communauté en autant que tu suives certaines règles mais pas d'autres? Tu peux extorquer, abuser, tromper, tuer, mentir, médire et tu peux communier mais si tu te remaries civilement tu ne le peux plus? Veut-on nous faire croire que la pire chose qu'on peut faire au monde est de se remarier civilement? Pire que le meurtre ou l'abus sexuel? Veut-on nous faire croire qu'il y a des catholiques meilleurs que d'autres? Des catholiques plus dignes? Veut-on nous faire croire que l'eucharistie est le rassemblement des purs (c'est-à-dire personne) et non pas le rassemblement de la communauté chrétienne imparfaite, Corps du Christ qui est en la tête?

Bref, pour toutes ces raisons, cette interdiction ecclésiastique me semble incohérente, contradictoire, nuisible à l'évangélisation et tout simplement scandaleuse.

À toi qui es une personne divorcée remariée, sache que ce n'est pas toute la communauté catholique qui te condamne. Tu es la bienvenue et je souhaite de tout coeur que tu vives en communion avec le reste de ta communauté, nous qui sommes tous et toutes bien imparfaits et indignes, mais aussi tous et toutes appelés comme toi à la sainteté et à la fécondité du Royaume.

Union de prière!

Denis
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vendredi 21 décembre 2012

« Il faut que lui grandisse et que moi je diminue »

Quand la fête de saint Jean-Baptiste et la fête de Noël ont été instituées, le solstice d’été arrivait le 24 juin et celui d’hiver le 25 décembre. Depuis, le calendrier a été retravaillé et les solstices d’été et d’hiver arrivent maintenant les 21 juin et 21 décembre mais ces deux fêtes sont restées aux mêmes dates.

Qu’arrive-t-il aux solstices? Dans l’hémisphère nord, le solstice d’été est la journée où l’ensoleillement est le plus long de l’année. À partir de cette date, la durée du jour diminue pour être la plus courte au solstice d’hiver. À partir de cette autre date, la durée du jour grandit jusqu’au solstice d’été et ainsi de suite.

« Il faut que lui grandisse, et que moi, je diminue » (Jn 3,30). Par ces mots, Jean-Baptiste parlait du Christ qui commençait à rassembler les foules alors que lui, Jean, rassemblait de moins en moins de monde. À ses disciples inquiets, il rappelle qu’il n’est pas le Christ mais son précurseur et qu’en tant que tel, il est bien content que la renommée de Jésus se répande et que la sienne perde de sa popularité. « Il faut que lui grandisse, et que moi, je diminue ».

Comme la durée d’ensoleillement entre les solstices, la lumière qui vient du Christ grandit alors que celle de Jean-Baptiste diminue.

La fête de Noël a été placée le jour du solstice d’hiver pour prendre la place de l’ancienne fête païenne du « sol invictus », le « soleil invaincu », jour à partir duquel le soleil reprenait le dessus sur la nuit. La fête de Noël célèbre donc cette victoire de la lumière sur les ténèbres. La naissance du Christ apparaît déjà comme une résurrection pour le monde.

À chaque instant, le Christ veut naître et renaître en moi, grandir et me faire grandir en Lui. C’est Noël à chaque instant en moi, en nous.

Je ne sais pas pour toi mais, pour moi, un des plus grands obstacles pour la venue du Christ en moi, c’est mon orgueil. J’ai tendance à chercher ma gloire personnelle, à être reconnu dans mon travail, mes amours, mes amitiés, mes engagements, mon argent… Et quand je ne me sens pas reconnu, quand je me sens oublié, pas à la hauteur, faible et trébuchant, pauvre en forces mais aussi en argent, je deviens insécure et bien triste.

Pourtant, comme Jean-Baptiste, c’est à ce moment que je devrais être joyeux car « il faut que lui grandisse, et que moi, je diminue ». Ce qui importe, ce n’est pas qu’on me trouve bon, que je sois populaire ou riche, ce n’est pas que j’annonce le Christ de la meilleure façon et que je sois le meilleur chrétien, prédicateur, animateur ou catéchète. Ce qui importe, c’est que je sème du mieux que je peux, même dans ma faiblesse, car « quand je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Co 12,10). Ce n’est pas moi le moissonneur, c’est Dieu. À Lui la gloire! Et à moi son Amour et sa Vie!

Seigneur, en cette fête de ta venue physique en notre monde, où tu revêts librement notre finitude, donne-moi l’humilité nécessaire pour accomplir la part de ta mission que tu me confies. Viens briser avec amour, délicatesse et fermeté le vernis de mon orgueil pour que mon cœur de chair soit libre d’aimer dans toute sa grandeur et sa fragilité. Merci de m’aimer et de me sauver. J’en ai bien besoin. Merci de nous aimer tous et toutes et de nous inviter à participer à ta mission de semeur d’Évangile. Amen.

À toi qui me lis, je te souhaite de redécouvrir en 2013 l’incroyable amour de Dieu pour toi. Que cet amour t’aide à redire comme j’essaie de le faire avec Jean-Baptiste : « Il faut que lui grandisse, et que moi, je diminue ».

Joyeuse Nativité et bonne année 2013!

Denis
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