Sérieux ou comique, spirituel ou scientifique, sentimental ou politique, sportif ou cinématographique, gentil... ou peut-être pas... Un blogue comme moi, quoi!

mercredi 29 juin 2011

La communauté était là!

Samedi dernier en après-midi, à la demande du comité des finissants et des finissantes de la Polyvalente des Abénaquis, j'ai présidé une célébration de la Parole qui précédait leur bal. Une semaine avant, le vendredi 17 juin, une des leurs a perdu la vie avec une amie dans un accident de la route. Cet accident avait déjà fait assez de mal comme ça. Il ne fallait pas le laisser bousiller le bal. Nous ne pouvions tout de même pas non plus faire comme s'il ne s'était rien passé. Un geste symbolique avait déjà été prévu: les jeunes devaient chacun venir chercher un œillet et le déposer dans un vase au pied du choeur de l'église en signe d'offrande à Dieu pour Le remercier de les avoir accompagnés durant leur passage au secondaire et Lui demander son soutien pour les prochaines étapes de leurs vies. Nous avons modifié ce geste pour souligner la présence de la défunte Caroline avec nous sans faire de discours et en évitant que ça prenne trop de place dans la célébration. Voici comment ça s'est passé.

La célébration se déroulait bien, faite de prises de parole, de chants, de la proclamation d'une péricope de l'évangile selon saint Jean et d'un commentaire partagé entre l'assemblée et moi.

Vint alors le geste symbolique.

Comme convenu, j'invite les jeunes à venir prendre un oeillet et à le déposer dans le vase. Les oeillets étant déposés, les jeunes ont formé une haie d'honneur dans l'allée centrale, habilement guidés par le directeur, monsieur Michel Gagnon, un en face de l'autre de part et d'autre de l'allée. J'ai alors invité les parents de Caroline à venir me rejoindre à l'avant. Daniel et Diane sont donc sortis de leur banc et s'avançaient au milieu de cette haie d'honneur que formaient les finissantes et les finissants. Réduisant à néant notre désir de sobriété et de discrétion, l'assemblée s'est levée et tout le monde s'est mis à applaudir les parents de Caroline. La communauté, signe suprême de la présence du Christ dans nos rassemblements, avait parlé.

Fortement ému, j'ai remis une rose rouge à Daniel qui l'a remise au finissant qui était au début de l'allée. En silence, la rose est alors passée de main en main jusqu'à l'arrière de l'église où se terminait la haie d'honneur puis est revenue à l'avant par l'autre côté où Diane l'attendait. Les parents ont alors déposé la rose dans le vase et sont venus me rejoindre devant l'allée centrale. J'ai alors formulé une prière à Dieu pour Le remercier et Lui demander son soutien pour ces jeunes, des trémolos dans la voix. Nous avons prié avec Caroline et son amie Nadia que nous savions présentes avec nous. Puis j'ai invité les jeunes de même que toute l'assemblée à se donner la main pour réciter notre prière de famille: le Notre Père. Les parents de Caroline sont entrés dans la chaîne formée par les finissantes et les finissants.

Au lieu d'inviter tout le monde à reprendre sa place, j'ai demandé à Diane et Daniel d'y aller d'abord. Ils sont donc repassés au centre de l'allée d'honneur et la communauté a encore exprimé son soutien par des applaudissements soutenus. Des larmes ont encore coulé...

La célébration s'est poursuivie encore quelques minutes et s'est terminée dans la paix et la joie, de même que dans l'excitation de ces jeunes qui vivaient leur bal, événement tant attendu et tant préparé.

Je remercie les membres du comité organisateur de la célébration, les membres du personnel de l'école qui les ont accompagnées avec moi, Michel leur directeur, les jeunes qui sont intervenues pour une tâche particulière durant la célébration et Marie-Pier la pianiste.

Je salue le courage de Diane et Daniel, les parents de Caroline, qui ont tenu à être présents à cette célébration ainsi qu'à plusieurs des activités ayant eu lieu ce jour-là pour les finissantes et les finissants. Je n'en reviens pas de votre cran!

Je remercie les jeunes pour leur participation attentive, agréable et dynamique à l'ensemble de la célébration, mais surtout pour leur grandeur, leur solennité et leur unité lors du geste de la rose. Les jeunes, vous m'avez touché droit au coeur. Soyez missionnaires de cette fraternité qui vous unit et répandez-la au nom de Dieu qui vous a choisis. Le monde sera sans doute plus beau grâce à vous!

Je remercie Caroline, Nadia et toute la communion des saintes et des saints qui étaient présents de façon presque tactile. Le monde est aussi plus beau grâce à vous!

Le dernier mot, je le réserve à Dieu et à son peuple visible, au Christ et à son Église, communauté éminemment présente et signe par le fait même de la présence du Christ au milieu de nous. Nous l'oublions souvent, mais le premier signe liturgique de la présence du Christ, au-dessus de tous les autres, celui dont on ne peut se passer pour l'action liturgique, c'est l'assemblée présente. Ce jour-là, à St-Prosper, la communauté était présente. La communauté se tenait. La communauté a ri. La communauté a pleuré. La communauté a parlé. La communauté a soutenu ses membres les plus souffrants ce jour-là.

Au Christ ainsi qu'à vous qui étiez présents à l'église de St-Prosper, en Beauce, samedi dernier, le 25 juin 2011, de 15h00 à 16h00 environ, je rends grâce. Ça m'a fait un bien terrible de vivre un moment de communion aussi grave et beau. Les commentaires reçus à la sortie de l'église me montrent que nous sommes plusieurs dans cet état.

Vive la communauté présente!

dimanche 26 juin 2011

Quitter la maison de notre enfance

[Cet article se veut une suite ou un complément à celui que vous trouverez ci-après.]

Comme bien d'autres, je pense qu'il est préférable de sacrifier nos églises-bâtisses que de sacrifier nos communautés. Comme bien d'autres, je souffre de cette situation. Quelles pertes! Il n'existe pas de solution miracle. Il existe un moindre mal. Pour l'avenir, il existe le souci de l'évangélisation et de la communion.

Comme on regarde avec tristesse, quelquefois avec impuissance, les maisons où on a vécu changer de mains, perdre leur âme, voire être détruites, et vivre, adultes, dans d'autres maisons, ainsi nous devons accepter de nous départir de plusieurs de nos églises-bâtisses pour vivre, adultes dans la foi, dans d'autres bâtiments qui favoriseront mieux la communion.

C'est avec le coeur gros que j'écris ces lignes... Il y a un peu de moi, un peu de nous dans nos églises-maisons...

Le triduum de la maison

Je viens de terminer un marathon de célébrations et d'événements de trois jours ayant eu lieu dans des églises. Je suis passé par toutes sortes d'émotions et j'en ressors avec, entre autres, la conviction renouvelée que l'église est une maison.

Je sais, ça peut paraître banal dit vite comme ça. Durant ces trois jours j'ai vécu deux funérailles de jeunes filles décédées dans un accident de la route, des retrouvailles des membres présents et passés de ma paroisse natale, une célébration de la Parole pour les finissants et les finissantes d'une école polyvalente (que j'ai eu le bonheur de présider) et une eucharistie pour le centenaire d'une église suivie d'une procession du Saint-Sacrement et d'un dîner. Ouf!!

J'ai vécu la tristesse, la colère, le vide, les larmes, le manque de voix, le désarroi. J'ai vécu la joie, la paix, la fraternité, l'unité, l'émerveillement. J'ai vécu le beau et le moins beau. J'ai vécu la faiblesse et la grandeur. J'ai vécu la légèreté et la solennité. J'ai vécu la déception. J'ai vécu l'admiration devant les dépassements. J'ai vécu l'absence et la présence. J'ai vécu le silence et le cri. J'ai vécu le non-sens et la révélation.

J'ai vu le monde devenir meilleur.

J'étais chez moi.

Chez moi, je vis tout ça. Je l'ai vécu aussi dans ces trois églises où je suis passé. Dans les diverses maisons où j'ai vécu, j'ai appris à aimer, à gérer mes émotions, à nommer mes questions et à chercher des réponses, à me connaître dans mes élans de grandeur et mes petitesses, à accueillir l'autre, à m'accueillir moi. J'ai vécu l'isolement et la fraternité, le travail et les loisirs, la croissance et le recul. Tout ça le mieux possible mais jamais parfaitement.

Je garde de mes maisons des blessures dont certaines sont encore béantes. Je garde surtout du roc sur lequel m'appuyer.

J'ai vécu tout ça en trois jours dans ces églises. L'église-bâtisse est une maison. La "maison de Dieu" comme on se plaît à le dire souvent, mais aussi (et surtout?) la maison de la communauté, là où on vit le solide et le fragile, le soleil et la nuit, où on s'expose à la blessure et à la guérison.

Je le savais avec ma tête. Je le savais avec mon coeur. Aujourd'hui je suis encore plus convaincu que l'église est une maison, le lieu de la rencontre entre nous et avec Dieu, le lieu où se vivent la mort, la vie et la Vie, le lieu du repos et du ressourcement en vue du départ pour rendre le monde meilleur et faire connaître le Christ.

Comme le disait André Poulin, curé de St-Gédéon, ce matin: "L'église est un milieu de vie avant que d'être un temple".