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dimanche 27 décembre 2020

Heureuse Nativité 2020!


En ces jours où une grande partie de l’humanité cherche à se reconnecter avec la magie des fêtes,
En ces jours où la générosité reprend ponctuellement ses lettres de noblesse,
En ces jours où la grandeur des liens affectifs revient à l’avant-plan,
En ces jours où l’importance des contacts physiques se fait parfois douloureusement sentir,
En ces jours de déchirement face à nos habitudes,
En ces jours où nos repères humains semblent s’envoler,
 
Nous célébrons l’inimaginable venue de Dieu dans le monde,
Venue qui transcende le temps, la Création, nos vies,
Venue qui nous transforme de l’intérieur,
Venue qui nous insuffle la Vie en abondance,
Venue qui vient introduire du sens là où l’insensé semble dominer.
 
En ces jours où la Création tressaille d’allégresse,
Je souhaite que Dieu trouve son chemin jusqu’au fond de ton cœur,
Je souhaite que sa Vie te comble et t'anime,
Je souhaite qu’Il te révèle encore une fois son Amour au travers des réalités d’apparence « profane » ou simplement « humaine »,
Je souhaite que sa Joie t'inonde et irradie le monde sur ton passage, physiquement et virtuellement.
 
Sincèrement, heureuse Nativité!
Denis
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mardi 17 novembre 2020

Le serviteur et son talent

 



Le Seigneur m'a encore désarçonné lundi soir le 16 novembre dernier alors que je vivais une catéchèse avec huit autres personnes de tous les âges dont deux jeunes.

Nous travaillions le récit qu'on appelle souvent « la parabole des talents » (Mt 25, 14-30). Vous trouverez le texte ci-bas à la fin de mon article. En général, on retient de ce récit qu'on doit faire fructifier les talents que le Seigneur nous a donnés. Le découpage de la lecture brève du lectionnaire (Mt 25, 14-15.19-21) nous montre clairement que c’est ce que les liturgistes veulent qu’on retienne de ce récit. Je m'attendais à arriver à la même conclusion ce soir-là. Mais Dieu nous attendait ailleurs...

Nous avons utilisé le processus de la catéchèse biblique symbolique. Nous avons donc commencé par apprendre le récit puis nous avons énoncé ce que nous y trouvions d’étrange, de bizarre. Nous avons relevé quelques points qui nous semblaient mineurs comme l'énormité des sommes en jeu (un talent équivaut environ au salaire de 6000 journées de travail d’un ouvrier agricole!! (TOB, Glossaire, 1988)). D'autres points cependant nous dérangeaient vraiment plus:

    1- Souvent, dans une parabole, quand on présente un « maître »,            on parle de Dieu. Pourquoi ici est-il présenté comme un                        homme dur (verset 24)?

    2- Ce maître « moissonne là où il n'a pas semé et ramasse là où il            n'a pas répandu le grain » (v. 24 et 26). C'est donc un voleur?

    3- Le 3e serviteur est traité vraiment très durement pour quelqu'un         qui n'a rien fait de mal. Il a juste enfoui le talent dans la terre (v.         18). Il n'a rien volé. Pourquoi le maître le traite-t-il de bon à                rien, lui enlève-t-il la gestion du talent remis et le jette-t-il dans            les ténèbres (v. 28 et 30)?

    4- Finalement, pourquoi le 3e serviteur a-t-il peur de ce maître (v.             25)?

Nous avons fait le choix de nous attarder sur la 3e question. Nous nous sommes demandé dans quel autre récit biblique retrouvait-on quelqu'un, notamment un serviteur, qui aurait été traité durement. Quelqu'un a proposé Jésus lors de sa Passion. Nous nous sommes raconté ce récit et avons sorti plusieurs ressemblances avec le récit des talents:

    - La dureté du traitement fait à Jésus.

    - L'innocence de Jésus comme celle du serviteur.

    - Le fait que Jésus, mort, a été jeté dans les ténèbres lui aussi,               celles d'un tombeau.

    - Trois crucifiés comme trois serviteurs.

    - La "peur" de Jésus (« Mon Père, s’il est possible, que cette coupe       passe loin de moi ! » Mt 26, 39a) et son courage pour affronter la       Passion (« Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme       toi, tu veux. » Mt 26, 39b) comme le serviteur qui a peur de son          maître mais qui va tout de même lui remettre son talent en                  personne.

Avec cet éclairage, le récit et son interprétation ont pris une tournure que personne n'attendait, moi le premier. Ça donne à peu près ceci:

« Un maître dur, qui fait son argent sur le dos des autres, un voleur qui moissonne où il n'a pas semé et ramasse là où il n'a pas répandu le grain, part pour un long voyage et il confie son    immense fortune à ses serviteurs. Le premier se voit confier cinq talents, le deuxième, deux talents et le troisième, un talent. Les    deux premiers, suivant les traces de leur maître, recueillent        l'équivalent des immenses sommes qui leur ont été confiées. Le troisième, voulant demeurer droit, honnête et vrai, refuse            d'embarquer dans les magouilles du maître et des deux autres et cache le magot qui lui est confié. À son retour, le maître veut    savoir ce qu'il est advenu de sa fortune. Les deux premiers        serviteurs sont fiers de lui montrer le fruit de leurs démarches ténébreuses et le maître fait leur louange. Le troisième, qui a peur de son maître, a le courage de lui remettre son argent en personne. Le maître mécréant le traite de bon à rien, lui enlève la gestion du magot qui lui était confié et l'envoie dans les ténèbres, là où il y aura des pleurs et des grincements de dents. »

Ce troisième serviteur nous semble une préfiguration du Christ. Lui, le juste, l'honnête qui a résisté à l'esprit du monde. Il est demeuré droit et vrai jusqu'à affronter avec courage les conséquences de son refus de succomber aux pressions néfastes des légalistes, des corrompus et de ceux qui avaient peur de perdre leur influence, leur pouvoir et leur réputation. Il a tout donné de Lui-même pour sauver ses tortionnaires et ses accusateurs, au-delà même du temps, nous sauvant nous aussi. Il nous a sauvés de nos manigances, des idoles et des puissants que nous prenons comme maîtres alors que seul Dieu est le vrai Maître. Il a été durement traité au point d'être tué et enfermé dans les ténèbres d'un tombeau. Puis le Père l'a ressuscité et nous avec Lui!

Cette réflexion nous a permis de nommer plusieurs situations que nous vivons ou avons vécues, nous rappelant que la Bible parle de Dieu mais aussi de nous. Nous avons aussi pensé au fait que vivre son baptême et sa confirmation veut dire de demeurer vrai et juste au point de supporter le rejet et les moqueries, comme le Christ. Le temps de célébration qui a terminé notre rencontre nous a permis d'intégrer un peu de toutes ces réflexions tout en rendant grâce à Dieu pour le salut offert par la vie, la mort et la résurrection du Christ.

Merci Seigneur de Te révéler encore à nous 
tout en nous rappelant que nous ne pouvons T'enfermer 
dans nos vieilles interprétations bibliques confortables 
alors que Tu nous appelles à la nouveauté surprenante 
des disciples-missionnaires. 
Aide-nous à demeurer vrais, sur tes traces. 
Merci de nous sauver encore 
dans nos compromissions et nos ténèbres. 
Merci de nous donner des soeurs et des frères
 avec qui goûter encore à la joie et à la nouveauté de ton Évangile! Merci en particulier pour celles et ceux de lundi soir!
 Amen!

Denis

Pour en savoir plus sur la catéchèse biblique symbolique (communément appelée « CBS ») :

-   Un excellent webinaire sur le sujet organisé parl’Université Laval, la Société Canadienne de la Bible et l’AssociationQuébécoise de la Catéchèse Biblique Symbolique en septembre 2020.

-   Le site de l’Association Québécoise de laCatéchèse Biblique Symbolique.

-   CBS Québec, le site de soutien aux catéchètes en CBS du diocèse de Québec.

-   Le site des fondateurs contemporains de la CBS,Claude et Jacqueline Lagarde, s’inspirant de la catéchèse des Pères de l’Église.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (25, 14-30)

Tiré de la Bible de la liturgie (cf aelf.org)

 

14 « C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens.

15 À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt,

16 celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres.

17 De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres.

18 Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.

19 Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes.

20 Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.”

21 Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”

22 Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.”

23 Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”

24 Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain.

25 J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.”

26 Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu.

27 Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts.

28 Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix.

29 À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a.

30 Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !”

 

vendredi 29 mai 2020

"Il leur montra ses mains et son côté"




Ce dimanche 31 mai, nous soulignerons la fête de la Pentecôte, l'une des trois plus grandes solennités de notre calendrier liturgique catholique. Quelle grande fête! Nous nous rappellerons à nouveau le don de l'Esprit Saint, Dieu Lui-même qui se donne à nous, en nous.

À cette occasion, la liturgie nous propose parmi les lectures celle de Jn 20, 19-23. Cette péricope est riche mais aujourd'hui, je vous invite à nous attarder sur un verset qui m'intrigue depuis quelques années, plus particulièrement depuis un an:
Jn 20, 20: "Il leur montra ses mains et son côté".

Ce bout de phrase me fatigue depuis un bout, mes proches pourraient vous le dire. Je l'ai compris un peu mieux ce matin à l'occasion d'un partage biblique avec mes frères et soeur de l'équipe pastorale paroissiale dont je fais partie.

J'ai longtemps cherché, tranquillement, tout doucement, pourquoi, après la résurrection, on ne mentionne nulle part dans les évangiles les blessures de Jésus aux mains ni aux pieds ni au côté. On se contente de mentionner que Jésus montre ses mains et son côté. On ne parle pas des marques de la crucifixion ni du coup de la lance du soldat. Par exemple, quand Thomas voit Jésus pour la première fois après la résurrection, celui-ci lui dit: "Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté" (Jn 20,27). Jésus montre ses mains et invite à toucher son côté mais nulle part il ne dit de voir ni de toucher une blessure quelconque. C'est ainsi dans les quatre évangiles: il montre ses mains et son côté mais jamais une marque de blessure.

Avant, ça ne me dérangeait pas car j'ajoutais moi-même dans ma tête que Jésus montre ses blessures pour justifier que c'est bien Lui, pour qu'on Le reconnaisse et que ses disciples croient en sa résurrection. Je ne peux plus vraiment croire ça maintenant car ce n'est pas ce qui est écrit dans la Bible.

Mais alors, pourquoi les évangélistes se sont-ils donné la peine d'écrire les choses comme ça: "Il leur montra ses mains et son côté"? Qu'est-ce que l'Esprit Saint veut nous dire? Ce matin, j'ai eu un "flash" que je veux humblement vous partager, en vrac, sans faire la recension de tous les livres ou articles théologiques auxquels je me réfère dans ma réflexion.

Le "côté" de Jésus me fait penser à la côte d'Adam, dans le récit de la Genèse, à partir  de laquelle Dieu "façonna une femme" (Gn 2, 21-22). La "femme" dans la Bible, est souvent signe de l'Église qui a pour mission de donner le Christ au monde (Ap 12, 1-6), à l'exemple de Marie, la nouvelle Ève. L'Église est reconnue comme "l'épouse" du Christ qui Lui est présenté comme "l'Époux". Le Christ est aussi souvent présenté comme le "nouvel Adam".  

Sur la croix, pour s'assurer que Jésus était bien mort, "un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau" (Jn 19,34). On reconnaît là en général les signes du baptême et de l'eucharistie qui fondent et font croître l'Église.

Je me permets donc de relire notre verset de départ autrement: "Il leur montra ses mains et son côté". Du côté du Christ, nouvel Adam, sont tirés par Dieu le baptême et l'eucharistie qui font naître et grandir l'Église, nouvelle Ève. Quand Jésus montre son côté, Il montre donc l'Église! Il nous montre nous, les croyants et les croyantes!

D'ailleurs, pour continuer sur cette idée, qui sont les mains du Christ aujourd'hui? Qui oeuvre à sa mission avec l'Esprit Saint? Qui sont ses ouvriers aujourd'hui? Nous! Les croyants et les croyantes, l'Église, qui poursuivons la mission du Christ de Le faire connaître et aimer et d'aider le monde à connaître le Père et son Amour infini!

Quand Jésus "montre ses mains et son côté", il pointe du doigt ses disciples! Il nous pointe du doigt nous aussi, membres du Corps du Christ dont Il est la tête!


Et quand Il dit à Thomas: "avance ta main, et mets-la dans mon côté" (Jn 20,27), Il lui dit en fait: "Fais un pas de plus comme disciple, mets ta main à mon service, sois mon ouvrier pour ma mission de salut, entre dans mon Église et agis sous la mouvance de mon Esprit".

Voilà ce que je voulais vous partager. Je vous invite à vous sentir visés quand nous entendrez que Jésus "montre ses mains et son côté" car c'est nous qu'Il pointe, personnellement et communautairement; c'est de l'Église qu'Il parle, notre famille. 

Bonne fête de la Pentecôte! Puissions-nous accueillir à nouveau la venue de l'Esprit Saint en nous et poursuivre avec joie et persévérance la mission du Christ!

Union de prière et de mission!

Denis