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samedi 16 novembre 2013

La charte des valeurs: manquer ou atteindre ses cibles?

Depuis quelques semaines, on essaie de nous faire endosser une "charte des valeurs québécoises". Même si je suis tout à fait en accord avec une des idées maîtresses de cette charte, la neutralité de l'État, je suis plutôt en désaccord avec tout le reste. Je ne vois pas en quoi me faire servir par quelqu'un qui porte un foulard, une croix en pendentif ou des boudins aux tempes masquerait la neutralité de l'État, d'autant plus que la plupart des services me sont rendus par téléphone ou par internet, moyens par lesquels je ne vois même pas à qui je m'adresse.

J'entendais un reportage intéressant à Radio-Canada, hier. Le spécialiste interviewé, le professeur Frédéric Castel, disait que les traditionalistes musulmans étaient ceux dont les femmes portaient le voile long, par exemple le tchador noir, alors que les femmes musulmanes progressistes portaient le hijab, foulard court qui ne couvre que les cheveux, de toutes sortes de couleurs avec toutes sortes de motifs. Les traditionalistes musulmans, comme les traditionalistes catholiques, disent que la place de la femme est à la maison et non pas sur le marché du travail. On ne retrouve donc que très peu de femmes portant le tchador et les autres foulards longs sur le marché du travail. La charte exigeant que les employés de l'État ne portent pas de signes religieux ostentatoires ne les touchera donc pas vraiment car elles ne sont pas des employées de l'État.

Les traditionalistes luttent contre le hijab, ils le trouvent indécent. Le hijab est porté par certaines femmes progressistes. Si je comprends bien, ça ressemble à moi quand je porte ma croix sur une chaîne à mon cou. Je suis mal placé pour me juger moi-même mais je ne pense pas qu'on puisse me qualifier de traditionaliste. Remarquez que ça dépend de qui va porter ce jugement.

Les femmes portant le hijab, donc plutôt progressistes, sont scolarisées et présentes sur le marché du travail, notamment comme employées de l'État québécois. Si la charte est appliquée, elles seront directement touchées. N'est-ce pas ironique qu'on veuillent toucher les signes de domination masculine comme les longs foulards des traditionalistes, mais sans les toucher vu qu'elles sont absentes de la fonction publique québécoise, et qu'on va toucher directement celles qui portent librement un foulard court?

Supposément pour la libération de la femme, on va l'obliger à s'habiller comme d'autres vont le lui dicter. Les choix possibles seront tellement pauvres pour ces femmes qu'elles devront "préférer" cesser de travailler ou "préférer" cesser de porter leur voile, comme dans d'autres pays des filles "préfèrent" ne pas aller à l'école parce qu'elles "préfèrent" ne pas être aspergées d'acide... Quelle ironie!

Constatant cet état de fait, on pourrait croire que la charte manquerait sa cible. Je pense plutôt que le gouvernement Marois cherche habilement (i.e.: diviser pour régner) à en atteindre deux autres.

L'une de ces deux cibles véritables est celle de tenter de reléguer à la sphère privée ce tout ce qui concerne la religion. Ce ne sont pas que les foulards musulmans qui prendraient le bord avec cette charte, mais tout signe ostentatoire, y compris ceux des catholiques. En centrant l'attention sur certains signes religieux évoquant la domination masculine, le gouvernement veut influencer l'opinion publique et faire passer en douce sa nouvelle religion, la laïcité fermée.

L'autre but de cette charte est de faire avancer la souveraineté. Le premier ministre fédéral Stephen Harper a déjà fait savoir que son gouvernement contesterait la charte péquiste si elle était adoptée. Comme nous n'aimons pas trop Harper et son gouvernement, nous les Québécois et les Québécoises, nous pourrions être tentés de nous ranger du bord du PQ...

Bref, par sa charte, le PQ va manquer la cible dont tout le monde parle: aider les femmes dans leurs luttes féministes, mais il a de bonnes chances de toucher ses deux cibles véritables et non discutées en public: la laïcité fermée et la souveraineté.

Ne nous laissons pas berner! Prions et agissons!


mercredi 25 septembre 2013

L'absence de communion lors des célébrations dominicales de la Parole

Plusieurs communautés ne peuvent plus vivre de célébrations eucharistiques à chaque dimanche, notamment à cause du manque de prêtres. Nous sommes néanmoins un peuple appelé à se rassembler le dimanche et à le faire autour du Christ Parole de Dieu et de son Écriture.

Mgr Lacroix nous invite à vivre ces célébrations sans communion. J'appuie Mgr et je suis très heureux de cette décision. Voici pourquoi.
Ma raison principale est que si on communiait lors de ces célébrations, selon moi, on y perdrait sur le sens de l'eucharistie et sur le sens de la Parole.

On y perdrait d'abord sur le sens de l'eucharistie. En effet, l'eucharistie est d'abord le rassemblement dans l'Esprit des chrétiens et des chrétiennes qui rendent grâce au Père du don de son Fils qui fait mourir notre péché et notre finitude sur la croix pour nous ouvrir à l'éternité divine. L'eucharistie dépasse donc le simple fait de communier au pain eucharistique. La communion se vit dans toute la célébration eucharistique et pas seulement à ce moment. C'est toute la célébration eucharistique qui est communion au Corps du Christ, communion qui culmine avec la communion physique au Corps du Christ présent dans l'hostie consacrée. Dans une célébration dominicale de la Parole avec communion, on réduirait l'eucharistie à la communion physique à l'hostie consacrée. On ferait de l'eucharistie une machine distributrice d'hosties consacrées. Or, elle est tellement plus que ça!

On y perdrait aussi sur le sens de la Parole car ce qui amènerait les gens à des célébrations de la Parole avec communion eucharistique, d'après ce qu'on me dit autour de moi, ce serait justement la communion eucharistique. Comment voit-on la Parole, l'Écriture, à ce moment-là? On semble la voir comme un apéro, ou, pire, une formalité, qui nous prépare à la réception de l'hostie consacrée. Or, elle est tellement plus que ça! L'Écriture est l'une des plus grandes formes de présence du Christ parmi nous. Célébrer autour de l'Écriture est une façon extraordinaire de vivre la communion entre nous, nous qui sommes le Corps du Christ qui en est la tête.

Je ne nie pas la présence de la réserve eucharistique et sa raison d'être: la communion de nos frères et soeurs malades qui n'ont pu venir se rassembler avec nous le dimanche. Mais justement, on aurait avantage à revenir à la raison d'être originale de la réserve eucharistique. Elle n'est pas prévue pour avoir assez d'hosties consacrées pour la prochaine eucharistie ni pour communier lors des célébrations dominicales de la Parole. Elle est là pour nos membres absents qui n'ont pu venir prier avec nous pour une cause majeure: la maladie.

Tentant de pousser au bout les idées exprimées bien succinctement ci-haut, je doute de la pertinence de la communion au pain eucharistique lors de l'Office de la Passion du vendredi saint qui ne comporte pas d'eucharistie...

Ce ne sera pas facile de faire comprendre l'absence de communion durant les célébrations dominicales de la Parole, en particulier pour les personnes plus âgées qui ont été élevées dans la mentalité que la communion au pain eucharistique était d'une telle importance qu'on a négligé de leur présenter l'importance des autres moyens de communion entre nous et avec Dieu. Avec de bonnes rencontres d'informations et de catéchèse, nous y arriverons.

Il faudra faire attention à notre langage d'ailleurs car il pourra y avoir une communion réelle entre les participants et avec Dieu, pour peu que la célébration soit quelque peu soignée, dans un climat fraternel et avec la bonne volonté des personnes présentes. On ne devrait donc pas dire comme j'ai écrit dans le titre de mon article, à dessein, qu'il y aurait absence de communion lors de ces célébrations. Il y aura absence de communion au pain eucharistique mais il y aura réelle communion. Soulignons-le et, surtout, vivons-le!

Au plaisir de communier avec vous le dimanche de plusieurs façons différentes!

Denis