Tu es décédé cet après-midi alors qu'il y a encore une dizaine de jours j'ignorais que tu étais mourant. J'ai voulu aller te visiter à l'hôpital hier mais la famille tenait à vivre tes derniers moments seule avec toi et je la comprends. J'aurais sans doute fait pareil. Voici donc ce que j'aurais voulu te dire si j'avais pu te voir.
Je t'ai connu en 1986 alors que je commençais le collégial au Petit Séminaire de Québec. Nous devions jouer une pièce de théâtre de Molière et nous cherchions des costumes d'époque. On m'envoie te voir, toi qui étais directeur des élèves à ce moment. Tu m'amènes dans ta cachette secrète choisir des costumes parmi tout un tas de fantastiques habits. Je découvrais en toi un homme de théâtre qui aimait la beauté. Je viens même d'apprendre par Facebook que tu maquillais mes confrères qui faisaient du théâtre au secondaire. Merci!
J'ai eu affaire à toi durant ces deux années au collégial et j'ai découvert un homme de grande gentillesse, calme et attentif. Merci!
Je t'ai retrouvé en 1996 alors que j'avais quitté le Grand Séminaire et que je cherchais à discerner si le Seigneur m'appelait à être agent de pastorale laïque. C'est toi qui étais directeur du Service des ressources humaines en pastorale à ce moment. Pendant plusieurs années, avec Yvette Roy, tu m'as écouté, appuyé, soutenu durant les heures les plus sombres de mon ministère pastoral. J'ai connu plusieurs difficultés avec un curé et une assemblée de fabrique dans deux milieux différents et je ne sais pas si j'aurais tenu le coup sans Yvette et toi. Vous m'avez écouté à tel point que bien des règles régissant maintenant les relations de travail des agentes et des agents de pastorale laïques dans notre diocèse viennent directement des tristes expériences que j'ai vécues, comme d'autres, durant ces années. Merci!
Puis, comme agent de pastorale, j'ai eu à te croiser occasionnellement durant quelques années et je n'ai que de bons souvenirs de nos rencontres, de nos discussions, de ton calme, de ton écoute, de ta joie de célébrer avec moi l'action du Seigneur par nos ministères respectifs. Merci!
Après que j'ai fait quelques sessions à partir du "Myers Briggs Type Indicator", tu m'avais signalé que nous avions les mêmes lettres alors que les gens de notre groupe de lettres ne comptaient que pour 5% de la population. Ça expliquait en partie, je pense, la facilité et la qualité de nos liens.
Puis vinrent quelques années un peu plus difficiles pour toi (et moi et beaucoup d'autres) pour notre attachement aux autorités diocésaines. Tu oeuvrais alors en partie à l'Institut de la Famille et administrateur dans ma paroisse natale, Notre-Dame-de-la-Garde. Quelle coïncidence! Encore là, quelle joie de te recroiser et de nous appuyer l'un l'autre dans nos difficultés et nos rêves! Encore là, je te reconnaissais calme et posé. Je découvrais par contre une passion pour la vérité, la radicalité de l'Évangile et un amour du Christ et de son Église que je connaissais mais qui paraissaient bien plus clairement à ma perception durant ces années. Merci!
Comme administrateur du Cap-Blanc, tu as fait la connaissance de ma grande famille, que tu appelais affectueusement "le clan Vallée". Ma famille te rendait bien cette affection, je pense. Je n'ai entendu que de bons commentaires à ton sujet. Tu as baptisé mon filleul, Jean-Christophe. C'était une célébration pleine de sens, de douceur et de joie. Il apparaissait tout naturel que tu présides les funérailles de mes grands-parents. Ce furent des moments déchirants et, encore, tu étais là pour nous appuyer, nous soutenir, nous aider à aller de l'avant. Merci!
Ces deux dernières années, j'ai vu ta santé dépérir. Tes jambes te lâchaient et tu ne descendais plus donner la communion lors des célébrations eucharistiques. Pourtant, encore là, nous partagions nos rêves et célébrions les bons coups du Seigneur. Encore là, tu soutenais, aidais, accueillais, aidais à aller de l'avant. Merci!
Ça fait quelques mois déjà que je t'ai vu et une consoeur agente de pastorale m'a annoncé il y a huit jours que tu étais mourant à l'Hôtel-Dieu. Nous avons organisé une visite à ma mère à Québec et je tenais à aller te voir, ma mère aussi, hier. Une de mes tantes m'apprend cependant que tu ne recevais plus de visite. J'ai appelé à l'hôpital et on m'a confirmé que ta famille préférait vivre tes derniers moments avec toi, seule. Je respecte ça et je le répète: j'aurais fait pareil. La personne qui m'a répondu (une infirmière?) a tout de même pris la peine de noter gentiment mon dernier message pour toi: "Je prie pour toi". J'ose croire que tu l'as reçu et qu'il t'a fait un peu de bien. Tu étais prêt, m'a-t-on dit. J'en suis sûr.
Puis je reçois un appel aujourd'hui après souper: tu as terminé ton entrée dans l'éternité en fin d'après-midi. Je suis triste et pas trop. M'y attendant et te sachant prêt, ça passe mieux. J'ai tout de même un serrement dans le gorgoton et les yeux bien humides en t'écrivant ces quelques lignes. J'en aurai sûrement plus dans les prochains jours... Je suis fait comme ça, tu le sais, et c'est bien correct ainsi.
Merci Claude d'avoir été cet homme passionné qui m'a aidé à passer au travers de multiples étapes de ma vie, bonnes et moins bonnes. Merci de m'avoir soutenu, encouragé et d'avoir célébré avec moi et avec joie les bons coups, les nôtres et ceux de l'Esprit. Merci d'être celui que tu es encore pour tes diverses familles: ta famille de sang, ta famille du Séminaire de Québec, ta famille diocésaine et ta famille paroissiale. Tu as bien d'autres relations que je ne connais pas ou auxquelles je ne pense pas. Merci d'avoir été celui que tu as été!
Continue de nous soutenir avec passion, calme et joie, nous qui te rejoindrons totalement un de ces jours, nous qui entrons encore progressivement dans cette éternité où tu te tiens bienheureusement. Merci d'être celui que tu es!
Union de prière, vieux frère!
Merci Denis de ton partage. Claude a eu a cœur la cause des laics engagés en Eglise. Sans lui peu de choses existeraient comme elles le sont. Malheureusement un cardinal ne l'a pas compris. Ce fut sa grande tristesse mais son amour de l'evangile, du Christ, de l Eglise sans oublier les baptisés est demeuré. Merci Claude d'avoir fait route avec moi et sache que tu as une place dans mon cœur et celui de Colette a jamais. Guy
RépondreSupprimerBien dit! Union de prière!
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