Quelle tristesse de
voir notre monde souffrir autant devant un virus microscopique! Sa
manifestation appelée covid-19 blesse et tue. Heureusement, plusieurs en
réchappent mais nous l'entendons peu. Nous sommes appelés à un grand
effort de solidarité pour ralentir au maximum la propagation de ce virus, entraînant
des conséquences sociales, sanitaires, économiques et spirituelles importantes.
Ce temps de
confinement m'a écrasé au début de la semaine dernière. Je pensais à tout ce
qui s'arrête, tous les projets mis en plan, toutes les personnes qui
attendent après moi... J'allais au bureau mais sans entrain et presque sans
but. Je ne voyais que perte, éloignement et attente. Je me demandais bien
comment aider ces gens que je ne pouvais rencontrer, faire avancer les projets
qui tenaient à coeur, aider les gens à cheminer et cheminer moi-même avec eux. Je
me contentais de régler des détails que je laissais traîner, classer des
papiers, transmettre des factures à rembourser...
Puis, un étrange vent
de "libération" m'a envahi. Le fait que nos orientations, sempiternellement
attendues, torpillées et reportées, soient mises sur la glace; le fait que les
comités où les décisions prennent un temps fou à mûrir soient mis en plan; le
fait que nos beaux programmes si bien ficelés montrent leur inefficacité à
suivre la vie de notre famille chrétienne; tout cela nous oblige à
l'ingéniosité pour présenter le Christ et le salut du Père dans l'Esprit. Le
terrain est donc "neuf", libre, dégagé. Les lenteurs, la
bureaucratie, les jeux de pouvoir, les résistances, les malaises, tout cela est
mis en pause. Il n'y a que des gens qui souffrent, des gens inquiets, des gens
qui ont soif, des gens qui attendent et une Église pauvre, blessée parce que
ses membres le sont.
Ce vent de
"libération" nous décentre de nous-mêmes, de nos orientations, de
notre nombril et nous permet de nous centrer sur Celui qui nous envoie, son
Esprit de Vie et la mission du Christ que nous sommes appelés à poursuivre
comme Église. C'est à partir de l'intérieur de cette Église pauvre, blessée, en recherche que je me sens
appelé depuis toujours à annoncer le salut en Jésus Christ à ce qui lui est "extérieur".
Ça me fait penser à la période de l'Exil à Babylone pendant laquelle le peuple hébreux a perdu ses repères, son temple, son organisation. Yahvé l'a accompagné dans son malheur. Des prophètes se sont levés et ont apporté de l'espérance aux Israélites au nom de Dieu. Le peuple s'est retourné vers ce qui lui était essentiel: l'Écriture. Les synagogues sont nées à cette époque.
Encore aujourd'hui, nous devons user
d'imagination et de créativité pour rejoindre les gens, accueillir leur
souffrance, partager la Parole de Dieu et prier avec eux. Les moyens de
communication modernes n'attendent que nous pour servir, à commencer par le
téléphone et les multiples propositions qu'offre internet.
Quel terrain nous est
offert! C'est celui de la mission toute crue où nous attendent les souffrances,
les inquiétudes et les joies du monde d'aujourd'hui. Quel souffle de renouveau
s'offre à nous! Nous sommes une Église blessée en temps de crise au milieu d'un
monde souffrant. Nous sommes une famille meurtrie et pauvre qui cherche à
accueillir le salut pour l'annoncer au monde. C'est ce à quoi nous sommes
appelés depuis 2000 ans. Nous avons cette opportunité ces jours-ci d'accueillir
notre identité, souvent cachée sous le poids de notre passé, et d'oeuvrer sans
fard et sans filet à la mission à laquelle le Père nous convie à la suite de
son Fils. Nous ferons des erreurs. Nous vivrons des déceptions. Mais nous
serons l'Église du Christ oeuvrant à Sa mission sans fausse complaisance.
Pour ma part, c'est
avec beaucoup de fébrilité et de joie que je découvre un tas de possibilités
pour rejoindre les gens individuellement et en groupe, pour vivre des
rencontres d'accompagnement individuel, des partages de la Parole et, pourquoi
pas, des catéchèses d'adultes.
J'espère que nous
tirerons des leçons de cette épreuve et que nous en sortirons grandis comme
disciples-missionnaires et comme Église.
L'Esprit Saint est à
l'oeuvre. Le suivrons-nous?
Union de prière!
Allez! En avant la
mission!
Denis
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