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dimanche 23 avril 2017

Pour une foi vivante, explicite et agissante

Le but de l'initiation chrétienne est de former des disciples-missionnaires. Ça veut entre autres dire d'amener les gens à devenir des "initiés", des chrétiens, qui ont une foi vivante, explicite et agissante. Je me pose quelques questions concernant cette réalité peu réelle, en ce sens que les personnes, adultes et jeunes qui passent par nos parcours d'initiation en sortent rarement "initiés", rarement disciples-missionnaires et démontrent rarement une foi vivante, explicite et agissante...

Je porterai ici quelques jugements sévères. Je suis convaincu que la plupart des gens qui viennent nous voir ont la foi à un certain degré. Je constate cependant que leur foi, de leur propre aveu, se vit de façon individuelle, souvent cachée. Elle n'est pas encore une foi qui s'exprime en communauté, du moins rarement en dehors des rites de passage ou des moments culturellement forts comme Noël. Elle est aussi rarement "explicite". Je considère donc que nous avons échoué à rendre leur foi vivante, explicite et agissante. C'est sur cet échec d'initiation que porte ma réflexion et non sur le degré de foi des gens qui réclament "nos services".

1- Considérant que c'est le baptême qui fait de nous des chrétiens, est-il encore pertinent de baptiser des bébés? Ils ne sont ni "prêts" (pour ceux et celles qui pensent qu'on doit être "prêt" pour vivre un sacrement), n'ont pas le désir de rencontrer le Christ, de Le connaître, de marcher avec Lui dans la vie... Cette pratique avait une certaine pertinence en période de chrétienté mais aujourd'hui, quelle serait donc sa pertinence? Quelle Église veut-on entretenir? Une "Église culturelle" qui offre des services de magnifiques rites de passage pas trop chers? Ou celle du Christ qui Se donne librement et qui veut que nous adhérions à Lui librement, de notre propre chef...? On baptise un bébé parce qu'on s'engage à l'élever dans la foi au Christ? On peut très bien le faire sans que l'enfant soit baptisé. On le baptise et il choisira plus tard? Le baptême vécu plus tard en toute connaissance de cause sera justement vécu au bon moment car c'est lui le sacrement du choix.

2- Nos démarches sont faites pour faire des confirmés et nous réussissons très bien. La presque totalité des jeunes qui nous passent entre les mains en pastorale finissent par être confirmés. Bravo!  Nous avons tellement bien réussi notre objectif et les familles l'ont tellement bien compris qu'ils ne reviennent pas. Bravo! Objectif parfaitement atteint, même pour l'avenir... Mais ne nous pètons surtout pas les bretelles, car ce bravo est ironique, vous l'aurez deviné... C'est notre objectif qui est vicié. Nous devons faire des chrétiens, non pas des confirmés. Nous réussissons avec quelques-uns mais avouons que la majorité de nos confirmés n'ont pas dans le coeur ni n'exhalent une foi vivante, explicite et agissante...

3- Ceci ajoute à ce qui précède: préparer à un sacrement... Quelle erreur théologique! Ça frise l'hérésie! On doit initier à la vie chrétienne, mener à la rencontre du Christ, mais surtout pas préparer quelqu'un à vivre un sacrement! Bien au contraire, c'est le sacrement qui nous initie à la vie chrétienne. C'est par le sacrement qu'on est initié à cette vie que le Christ veut avoir avec nous, cette vie de frère ou de soeurs avec ses frères et ses soeurs. Il nous faut une solide formation catéchétique avec au centre le Christ, Sa mort et Sa résurrection, la Bible et les grands symboles chrétiens pour ensuite tabler sur le sacrement pour initier intérieurement à la vie chrétienne. La mystagogie est particulièrement adaptée à ce moment, notamment en temps de mission comme le nôtre. De grâce, cessons de préparer les gens à un sacrement!

4- Presque à chaque semaine on me fait revivre un drame par une phrase qui se résume à peu près ainsi:"Wow! C'est beau de te voir t'impliquer au nom de ta foi. Ça fait du bien de voir un jeune dans l'Église". Au secours! Quel drame! J'ai l'âge d'être grand-père et on me dit que je porte du réconfort par ma jeunesse???? Mais réveillons-nous! J'ai peut-être une mentalité jeune, je manque peut-être même de maturité sur certains points, mais, de grâce, rendez-vous compte svp du drame que vous révélez en me disant que je suis un "jeune" dans l'Église! Ça veut dire qu'il manque deux ou trois générations. Au secours!

5- On doit servir le Christ ou l'Église? Cette question me taraude depuis quelques années et avec plus d'acuité depuis quelques mois. En soi, la mission de l'Église étant de poursuivre celle du Christ, on ne se trompe pas en servant le Christ. Cependant, est-il possible de le faire sans l'Église? J'aime bien l'expression suivante: "Ce n'est pas l'Église qui a une mission, c'est la mission qui a une Église". La mission d'annonce du salut de Dieu, de son Amour inconditionnel qui est son être même, de favoriser la rencontre avec le Christ au sein de la Trinité, ne dépend pas de l'Église mais l'Église n'est pas elle-même si elle ne remplit pas cette mission. La mission du Christ dépasse l'Église mais l'Église est idéalement le meilleur endroit d'où peut se vivre la mission. Je dis idéalement car l'Église "culturelle", folklorique, dont se réclament encore environ 80% des Québécois et des Québecoises nous empêche de réaliser la mission. Cette Église prestatrice de services et gardienne de nos bonnes valeurs québécoises ne nous permet pas de réaliser la mission du Christ. Elle tente de conserver des acquis d'un autre temps qui ne concernent pas la mission du Christ.

Je vous donne des exemples de cette mentalité "d'Église culturelle":
- mettre à la porte un agent de pastorale pour pouvoir payer les réparations du toit de l'église qui ne rassemble plus que quelques personnes au nom du Christ,
- la fureur qu'ont certaines personnes pour vivre les grands rites de passage de la vie humaine (naissance (j'ai parlé du baptême plus haut), mariage, décès...) à l'église et tiennent à ce qu'elle demeure ouverte et fonctionnelle pour leurs besoins à eux et elles;
- ... mais qui ne donnent pas à la quête ni à la CVA...
- la grogne populaire pour l'enlèvement d'un crucifix d'un hôpital parce qu'il représente les valeurs de notre passé (mais qui est enfermé dans ce passé et ne fait plus vivre un grand nombre de ces plaignants).

Bref, non, cette Église "culturelle" ne nous aide pas à la mission.

Cependant, la vraie Église qui rassemble les croyants et les croyantes convaincus au Christ qui cherchent à vivre la mission du Christ dans leurs milieux et qui se rassemblent dans la foi et la fraternité, elle, permet de vivre la mission. La question n'est donc plus de savoir si c'est le Christ ou l'Église qu'il faut servir mais le Christ par l'Église, à partir de l'Église, avec nos frères et soeurs en Christ, mais hors de l'Église, dans le monde.

6- Nous avons une grande tentation en Église qui est de nous réconforter en nous servant des autres, notamment des jeunes. Voici deux exemples qui illustrent ce que je veux dire:
- menacer de renvoi un agent de pastorale "parce qu'il n'amène pas de jeunes à la messe";
- organiser une messe familiale qui est en fait une messe pour adultes dans laquelle les services sont assurés par des jeunes (service à l'autel, lecture, offrandes, accueil...) mais qui n'est en rien une messe pour les familles.

Dans ces deux exemples, on voit qu'on veut bien de pastorales jeunesse ou familiale mais pour nous réconforter, nous. On organise de quoi pour les ados mais pour qu'ils viennent assurer une certaine présence qui nous réconforte, nous, dans nos propres habitudes. On organise de quoi pour les familles mais c'est d'abord pour nous réconforter, nous, pour nous faire du bien dans "nos affaires". Or, le Christ nous invite à aller vers les autres pour les autres. Pour eux, pour elles. Pas pour nous. On organise de quoi pour les ados ou les familles pour eux, pour elles, pour leur faire découvrir et rencontrer le Christ et non nous réconforter par leur présence. Si on organise une messe pour ados ou pour les familles, il faut que ce soit une messe d'ados ou de familles, pour eux, pour elles. Et le reste de la communauté doit accepter de se laisser bousculer dans ses habitudes pour pouvoir accueillir ces ados et ces familles. Ou, encore mieux, peut-être, les ados et les familles ne pourraient-ils pas en tout temps sentir qu'ils sont bien accueillis et à leur place au sein de la communauté célébrante en tout temps? Et chaque membre de la grande communauté réunie le dimanche ne pourrait-il pas avoir une petite communauté d'appartenance composée de ses pairs avec qui vivre de beaux moments d'Église durant la semaine?

7- La communauté elle-même... De fait, malheureusement, trop souvent, nos communautés sont peu invitantes et ne donnent pas toujours l'exemple d'une foi vivante, explicite et agissante, mais plutôt d'un ensemble de personnes venues réclamer un service individuel mais peu enclines à la mission. À qui la faute? Tout le monde, je pense... Les communautés elles-mêmes, les évêques, les intervenants pastoraux... Nous avons entretenu une mentalité de services au lieu d'une mentalité de mission. Nous n'avons pas aidé les membres de nos communautés à discerner leurs places dans la mission du Christ, leurs êtres de disciples-missionnaires. Un "missionnaire" est encore largement compris ici comme quelqu'un qui va annoncer le Christ dans une contrée lointaine et non quelqu'un qui vit dans son milieu des relations fraternelles, des engagements pour transformer le monde, qui nourrit sa foi avec Dieu dans le secret de son coeur et avec ses frères et ses soeurs, et qui annonce ainsi le Christ par sa vie entière implicitement et explicitement.

Voilà. J'ai voulu esquisser quelques écueils qui nous nuisent dans la formation à la vie chrétienne, dans cet accompagnement permettant à nos frères et à nos soeurs de professer une foi vivante, explicite et agissante. Il faudrait nuancer chaque paragraphe car il y a de fantastiques témoins d'une foi vivante, explicite et agissante dans nos communautés, qui viennent mettre un beaume sur chacun des points que j'ai énumérés plus haut. Malheureusement, en gros, je constate que notre période de transition est loin d'être terminée et que quelques coups de barre devront être donnés. Curieusement, ce sont peut-être nos finances difficiles qui vont nous obliger à changer, car nos budgets se transforment plus vite que nos convictions...

Je relis mon article et je me rends compte que je me suis positionné un peu comme un gérant qui invite à changer de mode de gestion. Ça aussi ça demande une conversion. Je suis bien un fruit de la même Église que tout le monde et j'ai moi aussi mes propres conversions à opérer. Ça aurait pu être le point 8: nous convertir.

Maintenant, prions, accompagnons, vivons, proclamons et agissons, au nom du Christ!

Denis

Rêve de funérailles

Bonjour!

Je ne veux pas dire par ce titre que je rêve qu'il y ait plus de défunts ou de funérailles, ou que j'en préside (quoique je m'y sens appelé). Non, je veux juste vous interpeller sur le fait que ce qui se passe autour des funérailles me semble être un bon exemple de l'action évangélisatrice à laquelle je me sens appelé.

Voici les éléments qui m'interpellent dans la pastorale du deuil:

- l'accueil inconditionnel, chaleureux et délicat des personnes;
- les gens ont soif, leur coeur saigne et est grand ouvert à l'Amour et à la Bonne Nouvelle;
- l'accompagnement des personnes, avant, pendant et éventuellement après la célébration;
- dans la célébration comme telle:
  • l'assemblée se tient,
  • les gens se connaissent, s'épaulent, se soutiennent,
  • la fraternité, l'accueil de l'autre, la douceur, la délicatesse, les marques physiques d'affection sont présentes, signifiantes et importantes,
  • le kérygme et l'espérance chrétienne sont annoncés et entendus,
  • les coeurs et les esprits sont rejoints, un pas de plus peut s'opérer vers une conversion,
  • les rites touchent, parlent, interpellent,
  • l'eucharistie est vraiment source et sommet de la vie chrétienne;
- après la célébration, cet accompagnement peut se poursuivre, le Christ peut être présenté, connu et aimé; une croissance dans la foi est possible et souvent désirée;
- nous sommes centrés sur les gens et leur besoin de salut, leurs quêtes de sens, l'action de l'Esprit en eux.

Imaginez si notre ministère pastoral menait à ça et se vivait ainsi:
- une communauté où les gens se connaissent, se tiennent, s'épaulent, se réconcilient...
- une communauté de gens qui ont soif et envie de s'abreuver à une parole signifiante, fondée et ouvrant sur la Parole;
- un ministère pastoral centré sur le Christ à faire rencontrer et non une "Église culturelle" à défendre et à entretenir;
- un ministère centré sur les gens et non une lourde gestion d'exigences, de présences, d'argent.

Voilà, je vous ai partagé un de mes rêves. 

Je découvre en vieillissant que je suis appelé à être moi en toutes circonstances, y compris là où mes rêves ne sont pas réalisés. Je découvre aussi que mes rêves ne seront fort probablement jamais réalisés et que je ne dois pas attendre qu'ils le soient. Je découvre aussi que mes rêves ne sont pas ceux de Dieu et que ce sont les siens que je suis appelé à réaliser. Cependant, j'ose croire qu'il y a un peu de Dieu dans mes rêves, dont celui que je viens de vous présenter.

Unissons nos rêves, Dieu se révèle un peu en chacun. Ensemble, réalisons le sien!

Denis



jeudi 13 avril 2017

Expliquer et faire apprendre? Ou accompagner et initier?

Je vous partage une citation prise d'une série de livres que mon fils et moi aimons bien:

– Je ne comprends pas.
– C’est normal, je remplace par des mots les expériences qu’il te faut vivre. 

(A comme Association, tome 8, Erik L'Homme, p. 92.)

Au final, ça ne donne rien... Alors pourquoi s'évertuer à expliquer et faire apprendre? Pour notre bonne conscience? Pour justifier notre emploi du temps? Pour plaire? À qui?

L'expérience montre que ce qu'on apprend aux jeunes et aux adultes, sur les sacrements en particulier, ne sert à rien. Ils ne comprennent pas plus, ils n'ont pas envie de continuer à se faire bourrer le crâne avec des informations qui ne collent en rien à leurs vies et dès que leur cheminement d'initiation est supposément terminé avec la confirmation, on ne les revoit plus.

Pour ma part, si mon souvenir est juste, j'ai commencé à aller à la messe pas mal à tous les dimanches à partir de l'âge de 5 ans. Alors quand j'ai fait ma première communion à 8 ans, je saisissais bien quand mon enseignante (ça se faisait à l'école dans ce temps-là), me disait que l'eucharistie était un repas, un rassemblement de la famille chrétienne, etc... Je le saisissais parce que j'avais environ 150 messes dans le corps! J'avais vu des gens rassemblés, j'avais vu des gens manger, j'étais salué, aimé, reconnu. Je me sentais "de la gang". Mes grands-parents, mes oncles, mes tantes, mes parents, mes frères plus tard, mes voisins et voisines, le curé, je pouvais nommer presque tout le monde présent à l'eucharistie du dimanche avec moi. Je les aimais et je me sentais aimé par eux et elles. Quand mon père a cessé de s'asseoir avec moi pour retourner passer la messe debout à l'arrière avec ses frères, beaux-frères et amis (et fumer dehors à l'homélie?!), j'ai continué à y aller, avec mes grands-parents puis seul avec un de mes frères. Dans ce temps-là, on m'expliquait ce qu'on voulait, j'étais intéressé à le savoir car je vivais un tas de choses qui m'intriguaient mais ne comprenais pas tout.

Maintenant, c'est autre chose.

Les jeunes qui font leur première communion n'ont pas d'expérience de l'eucharistie. Ils y sont allés deux ou trois fois pour des funérailles ou la première communion d'un frère plus vieux. C'est pas mal tout. Et je n'exagère pas. Quelques-uns y sont allés plus souvent, beaucoup d'autres y sont allés moins. Leur souvenir de ces rassemblements est très vague. Alors leur dire que l'eucharistie est un repas, un rassemblement de la famille chrétienne, une occasion de rencontre avec le Seigneur... Ils n'ont rien vécu de tout ça. Oui, ils ont vu des gens manger quelque chose, de loin, mais ça n'a aucun rapport avec leur expérience de ce qu'est un repas. Ils ont vu un rassemblement de personnes, mais dire que c'est la "famille chrétienne" qui se rassemblait équivaut à leur apprendre que quand on se rassemble un tas de personnes qui ne vivons rien ensemble pour célébrer un rite de passage de quelques personnes une fois de temps en temps, c'est ça la communauté chrétienne. Alors ils retiennent ça, veulent ça pour eux quand le temps sera venu, vont le vouloir à nouveau, peut-être, quand ils se marieront et voudront faire baptiser leurs enfants, expliqueront ça à leurs enfants et on aura perpétué la fausse image que l'Église c'est une compagnie qui organise de supers beaux rites de passage dans une super bâtisse au centre de notre village, pour pas trop cher. Elle a juste le défaut que pour chaque rite, elle a des exigences tannantes mais bon, on s'en accommode le temps que ça dure et on s'en balance quand nous avons eu ce que nous voulons...

Le paragraphe précédent est une caricature, mais pas tant que ça, malheureusement.

Pour rencontrer des parents et d'autres adultes depuis environ 25 ans en pastorale, j'ai acquis quelques convictions. L'une d'elle est qu'ils sont des croyants. Si vous pensez que ma description ci-haut est pessimiste, vous n'avez rien vu. Certains disent que les parents n'ont pas la foi. Je dis non. Ils n'ont pas une foi très développée théologiquement parlant,ni très liée aux rites liturgiques, mais leur vie est truffée de moments où ils se sont adressés à Dieu, au fond du baril, atterrés par la souffrance de leurs enfants, terrassés par la maladie, emportés dans les tourbillons d'épreuves inimaginables. Quand je vis une catéchèse sur la Bible et ses symboles avec eux, je vois les yeux s'illuminer, s'agrandir, pleurer quelques fois. Ils se rendent compte que l'Écriture parle d'eux, de leurs vies, de leurs relations avec ce Dieu qui est là et qui ne les a jamais lâchés même si les choses ne se sont pas passées à leurs goûts. Et ils Le rencontrent à nouveau à ce moment précis. Il y a bien des gens indifférents, mais la majorité des adultes que j'ai devant moi, parents ou non, sont des croyants.

Le problème est de notre bord, en grande partie. 

C'est nous qui leur avons inculqué la notion que ce sont les sacrements qui sont importants à découvrir et à célébrer alors que c'est leur vie qui doit l'être, par le sacrement. C'est nous qui leur avons appris que l'Église est un OSBL parmi d'autres qui offre de bons services pas trop chers quand on en a besoin et seulement quand on en a besoin alors que c'est leur famille! Mais ils ne le savent même pas...

Il faut commencer par entrer en relation avec ces gens, parents ou non, jeunes et vieux. Ils faut les connaître, les aimer, nous émerveiller devant leurs vies incroyables et sacrées, et voir avec eux et elles quels pas nous pourrions faire ensemble. Nous n'en sortirons pas indemnes. Ces expériences vont nous bouleverser et nous changer nous aussi. Nous serons alors comme le Christ qui ne nous sauve pas du trou en se tenant sur le bord et en nous tendant la main, mais en venant dans le trou avec nous, en mourant sur nos croix avec nous. 

Ça me fait penser au passage biblique dans lequel le disciple Philippe rencontre un Éthiopien eunuque (Ac 8, 27-39). 
- Il commence par écouter l'Esprit et Lui obéir.
- Il voit et écoute ce que fait l'Éthiopien (il lit Isaïe).
- Il se joint à cette activité, écoute ce que lui lit l'Éthiopien, notamment ce qui l'intrigue, ce qui l'intéresse, ce qui le questionne.
- Il répond à cet intérêt, à sa question, par "la bonne nouvelle de Jésus" (verset 35).
- L'Éthiopien demande à recevoir le baptême lorsqu'ils passent près de l'eau.
- Philippe lui fait faire une profession de foi: "Si tu crois de tout ton coeur, cela est possible", "Je crois que Jésus Christ est le Fils de Dieu" (v. 37).
- Philippe descend avec lui dans l'eau et le baptise.
- Philippe est emporté ailleurs par l'Esprit.
- L'Éthiopien continue sa route, "joyeux" (v. 39).

Je retiens quelques points de cette péricope (extrait biblique):
- L'écoute de l'Esprit, le discernement.
- La rencontre de l'autre sur son terrain à lui.
- L'ouverture de l'Écriture sur ce qui intéresse l'autre (et non ce qui m'intéresse, moi).
- L'offre d'un sacrement quand il est désiré et que l'occasion s'y prête.
- La profession de foi, simple, réelle.
- Vivre le sacrement avec l'autre, me mouiller moi aussi. 
- Aller ailleurs (je n'ai pas le monopole du cheminement de cette personne; nous nous retrouverons sûrement car nous sommes maintenant liés mais elle en rencontrera d'autres aussi, c'est l'Esprit qui a le monopole et qui s'assure de la suite de son cheminement, pas moi).
- L'autre poursuit sa vie dans la joie. 

On pourrait faire toute une retraite sur cette péricope!

Merci Seigneur de nous partager ta mission. Donne-nous d'être à l'écoute de Ton Esprit. Aide-nous à nous laisser creuser l'intérieur et nous convertir pour que les gens et leurs vies soient au coeur de nos démarches et non nos thèmes, nos objectifs et nos dates. Donne-nous les ressources humaines dont nous avons cruellement besoin. Nous aussi, nous vivons des temps d'épreuves et nous ne voyons pas toujours clair, et nous avons tendance à nous réfugier dans nos sécurités. Nous avons peur de perdre nos "oignons d'Égypte" (Nb 11,5), même si c'est pour nous garder dans l'esclavage et le non-sens. Accompagne-nous, Seigneur, et aide-nous à être des accompagnateurs et des accompagnatrices, à vivre avec les gens, à les aimer comme ils sont, à nous émerveiller de leurs vies, à Te les présenter, à Te présenter à eux, à elles, tout doucement, selon l'angle qu'ils auront, peut-être, envie de connaître de Toi. Et donne-nous la force et l'audace de nous mouiller avec eux et de cheminer nous aussi, avec eux. Nous aussi nous serons tranformés. 

Amen.

Denis