Sérieux ou comique, spirituel ou scientifique, sentimental ou politique, sportif ou cinématographique, gentil... ou peut-être pas... Un blogue comme moi, quoi!

lundi 21 février 2011

La vague "pro-maire Tremblay": hypocrisie?

La vague de sympathie que reçoit le maire Tremblay dans sa lutte pour la prière au début des séances du conseil municipal de Saguenay me pose question. On fait signer des pétitions pour l'appuyer, on lui envoie de l'argent pour l'aider à payer sa cause... Mais où sont toutes ces personnes dans la vie quotidienne??? Ces gens qui veulent tant avoir la prière avant une séance d'un conseil municipal ne font pas leur bénédicité (prière avant le repas) au restaurant. En tout cas, à part mon épouse et moi, je n'ai jamais vu personne le faire. Il s'agit pourtant aussi d'une prière dans un lieu public et je me suis toujours senti respecté quand je le fais même si je me rends compte que ça pose question autour de moi (tant mieux!). Ces personnes qui appuient le maire Tremblay font-elles le bénédicité chez elles alors? Le font-elles devant la visite?  

J'ai vu des dizaines voire des centaines de noms hier sur des pétitions que certaines personnes ont décidé de faire signer dans ma paroisse pour appuyer le maire Tremblay. Mais où donc sont ces centaines de personnes quand il s'agit de montrer aux enfants, aux ados et aux adultes à rencontrer, connaître, aimer et prier Dieu? Est-ce que ces personnes qui encouragent ce maire de Saguenay vont se présenter aux assemblées de leurs propres conseils municipaux pour réclamer que leurs élus prient avant leurs séances? Je vous gage que non...

Il me semble y avoir pas mal d'hypocrisie dans cette vague de sympathie... Ou en tout cas un certain laxisme. Ce n'est pas engageant de signer une pétition pour encourager un maire à 300 km de chez soi. C'est plus engageant de s'impliquer pour que la foi se vive et grandisse dans son propre milieu...

La prière au conseil municipal

L'histoire est connue: le maire de la ville de Saguenay, Jean Tremblay, veut absolument conserver un moment de prière au début des réunions du conseil de sa ville.

Pour ma part, vite comme ça, je trouve cette requête inutile. Ma propre position quand j'anime des réunions est la suivante:
- si je suis avec des catholiques "affichés", nous prions;
- si je suis avec des chrétiens et des chrétiennes d'autres confessions ou des gens d'autres religions et que je le sais, nous prions, mais j'adapte ma prière à ce que nos différentes façons de voir le divin ont en commun;
- si je suis avec des gens dont je ne connais pas les allégeances spirituelles ou bien que je sais que quelques-unes de ces personnes sont athées ou agnostiques, nous faisons un moment de silence et chacun en fait ce qu'il veut en autant qu'il ne dérange pas les autres (et moi j'en profite pour prier).

Cette façon de faire me semble respectueuse des gens avec qui je me trouve et elle n'a jamais soulevé d'opposition.

Si j'avais été à la place du maire Tremblay, j'aurais demandé aux membres du conseil municipal s'ils seraient d'accord avec la prière avant la réunion. J'aurais écouté les positions des uns et des autres (ce qui permet pas mal de discerner leurs allégeances spirituelles) et j'aurais agi en conséquence: prière chrétienne, adaptée ou moment de silence. Cette situation est à répéter lorsque les gens autour de la table changent.

Ma seule imposition aurait été que moi je tiens à prier et qu'une minute de silence est le plus bas compromis que je suis prêt à tolérer. À date, je n'ai pas encore été traîné devant les tribunaux pour ça...

J'ai déjà entendu à la radio un représentant d'un groupe de "laïcisme fermé" dire qu'il ne faut pas faire de moment de silence avant une réunion "car certains en profiteraient pour prier". Et alors? Cet adepte de la nouvelle religion du laïcisme de fermeture agit comme le maire Tremblay mais à l'envers. À l'écoute de ces gens, on voit que le laïcisme qu'ils prônent est une religion pour eux et pour elles. Ils agissent avec leurs idées comme les traditionnalistes catholiques et musulmans purs et durs agissent. Bref, ces fameuses "gueguerres" de religions et d'idées ne me semblent pas des affrontements entre des religions mais entre des gens qui sont bornés sur leurs idées et ont peur de celles des autres...

Je suis un partisan d'une "laïcité ouverte" qui reconnaît que toutes les facettes de l'être humain sont importantes, y compris la dimension spirituelle et que l'État qui cherche le bien de ses membres doit favoriser aussi cette dimension dans ses manifestations les plus diverses possibles, peut-être pas nécessairement monétairement, mais en permettant par ses lois et en facilitant par ses façons de faire que chacun et chacune puissent vivre leur foi comme ils l'entendent et portent les signes religieux qu'ils veulent. Je trouve déplorable par exemple qu'on exige que des fonctionnaires dans le domaine public ou des réceptionnistes de compagnies privées doivent s'abstenir de porter tel signe religieux car ce n'est pas la marque de commerce de l'État ou de l'entreprise... Moi je m'en fous qu'un juge en toge porte un turban, qu'un facteur porte un kirpan, qu'une enseignante porte une croix ou qu'une réceptionniste d'une compagnie quelconque porte un voile.

Que dire sur les croix de chemin, les statues de personnages religieux sur la façade de l'assemblée nationale, les crucifix sur les murs des écoles, les noms des villages, écoles et hôpitaux ("hôtel-Dieu")... Ça fait partie de nous. Ça nous a façonnés et nous façonne encore. Les clochers de nos églises sont le signe de nos valeurs et de nos racines. La charte des droits et liberté du Québec par exemple est éminemment chrétienne dans son inspiration.

Je vous propose un texte intéressant qu'on m'a fait connaître aujourd'hui, écrit par M. Jacques Brassard: "Défense de prier".

Cette réflexion décousue mériterait des développements et des nuances. Faites-moi part de vos commentaires pour l'enrichir. 

Merci!